14. Les maisons hantées, fumisterie ou réalité ?

Ce qui est vrai n’est pas toujours vraisemblable. Les manifestations de ce que nous appelons, faute de mieux, les « maisons hantées » nous paraissent tout à fait invraisemblables notre mentalité d’hommes rationalistes les refuse. Nous voulons trouver des explications naturelles, scientifiques à tous ces phénomènes: bruits violents sans cause apparente, objets qui se déplacent comme portés par des mains invisibles, chaussures qui montent seules les escaliers sans pieds pour les chausser, lévitations, incendies spontanés, etc …
Des phénomènes de ce genre sont attestés par des centaines de témoignages, y compris par des procès-verbaux de gendarmerie. On en voit de tous les pays et de tous les temps. Ils étaient connus dans l’Antiquité, comme le signale, entre autres, la Mostellaria, œuvre du poète comique latin Plaute (254-184 av. J.C.).
Il ne faut pas écarter l’hypothèse possible de l’action de farceurs ou de fraudeurs, mais elle est incapable de tout expliquer. Un grand nombre d’attestations viennent de gens sérieux qu’on peut difficilement qualifier d’hallucinés ou de menteurs, surtout lorsque ces gens sont des policiers ou des gendarmes …
En effet, lorsque les phénomènes en question provoquent des troubles, que font les habitants ? En ville ils appellent la Police, à la campagne ils appellent la Gendarmerie. Les archives de ces deux institutions conservent des constats, des procès-verbaux révélant des centaines de cas de ces phénomènes inexpliqués. Certains d’entre eux ont fait l’objet de publications. Citons notamment celles d’un officier de gendarmerie, le commandant Emile Tizané, qui avait lui-même participé à de nombreuses enquêtes et savait de quoi il parlait. Il avait publié, en 1951, un livre intitulé Sur la piste de l’’Homme inconnu ». L’ouvrage est basé sur environ 250 procès-verbaux dressés au sujet de maisons hantées. Ils commencent le plus souvent par la formule suivante:
« Procès-verbal n ». … , du … , Brigade de gendarmerie de … Le (date), nous soussignés capitaine X; maréchaux des logis Y et Z: gendarmes A et B, nous sommes rendus dans la commune de … , afin de surveiller la maison C. »
Vient ensuite la description des faits, l’interrogatoire des suspects … Tout ceci se terminant par la formule : « Lecture faite, persiste et signe» Suivent les signatures du suspect et des témoins. Ce n’est pas de la haute littérature. Il s’agit seulement de constater des faits.

Où est le coupable?
Lorsque les gendarmes arrivent sur les lieux soi-disant « hantés », leur objectif est de découvrir le coupable. Leur attention se porte généralement sur un adolescent de 12 à 15 ans, l’âge où l’on est peut-être en crise de puberté. Lorsque ce « sujet» reçoit l’ordre de s’éloigner de la maison en question, les phénomènes bizarres ne s’y produisent plus. Les gendarmes en concluent: voilà le coupable!
Le sujet est alors questionné ; il se rend compte que tous ces « tours de prestidigitations » ne se produisent qu’en sa présence. Il en ressent généralement une certaine fierté et finit par « avouer» que c’est lui le coupable.
Cependant, si l’officier dirigeant I‘enquête a la sagacité de procéder à la reconstitutions des faits, comme ceci existe pour la reconstitution d’un crime, le sujet s’avère incapable par ses seuls moyens de reproduire les phénomènes incriminés. Ceci laisse soupçonner l’existence d’une autre force enjeu, d’une entité bien difficile à définir et que le commandant Tizané se contente prudemment d’appeler l’hôte inconnu. (37)
D’après lui, il s’agirait d’entités intelligentes, car leurs actions sont coordonnées, adroites, répondant parfois, comme pour s’amuser, aux désirs des témoins; elles peuvent être également méchantes et agressives envers ceux qu’elles considèrent peut-être comme des intrus venus dans leur maison. Le commandant Tizané en a fait l’expérience à ses dépens. Ainsi, en 1943, venu enquêter sur une maison hantée de Frontenay-Rohan-Rohan (Deux-Sèvres), il s’était assis en entrant dans la pièce principale et avait posé à côté de lui son képi et ses gants … Soudain, il les vit s’en aller, comme portés par des mains invisibles, décrire une courbe pour atterrir à l’extrémité de la pièce, près d’une cuisinière; en se levant il reçut sur la tête les débris d’un objet en porcelaine qui avait explosé sans cause au-dessus d’un meuble. Ceci sans gravité: il ne fut pas blessé, mais tant qu’il resta dans cette pièce – c’est lui qui le dit- il ressentit des courants froids, des « bains froids» inexplicables, car les portes et fenêtres étaient fermées.
Ces phénomènes cessèrent quand l’adolescente de 15 ans habitant la maison fut priée.de s’éloigner. Suivant la terminologie en usage, elle servait donc de medium, mais ce n’est pas parce qu’on a trouvé ce mot qu’on a tout expliqué.

L’hypothèse de transferts d’énergie.
Les multiples recherches opérées par le commandant Tizané (il a publié plusieurs livres sur ce sujet), toujours en quête d’indices révélateurs sur les entités mystérieuses agissant par l’intermédiaire du médium, amènent à penser que ces entités ne sont pas aussi mystérieuses qu’on le croirait. Dans la plupart des cas, il s’agirait-de l’esprit d’anciens propriétaires de la maison concernée: ils désirent qu’on se souvienne d’eux, ou se révoltent en voyant y venir des intrus qu’ils n’ont pas désirés.
Comment l’action peut-elle s’opérer? Ces défunts ont, comme tous les défunts, un « corps énergétique» qui ne produit plus d’énergie, mais le medium avec lequel ils sont en communion » en a; il en a peut-être même trop s’il est en crise de puberté. Apparaît alors comme vraisemblable l’hypothèse d’un transfert d’énergie prise sur le medium pour être portée sur les objets ou utilisée pour produire des bruits.
Notre gendarme n’a pas formulé cette dernière hypothèse. Il se contente de rechercher des indices et de constater les faits. Ses constations sont utiles, car un bon nombre de rationalistes ne veulent voir là qu’hallucinations ou fumisteries … – appréciations dépassées et tendancieuses : on refuse par principe ‘de reconnaître des faits, indices de notre survie. Voilà, en effet, le grand mot d’ordre de tous les militants athées: il n’y il pas de survie après la mort!
Une autre constatation mériterait d’être étudiée. Les enquêteurs ou les curieux qui viennent en ces maisons hantées éprouvent parfois -et soudainement – des courants glacés; le commandant Tizané emploie même l’expression de « bains froids». Tout ceci sans cause apparente. L’hypothèse de tentatives de captage de l’énergie calorifique des visiteurs par les défunts rodant en ces lieux peut également ici être avancée comme valable.
A quoi riment ces manifestations de hantise? Le commandant Tizané est sévère. Il les qualifie de « stupides». S’il y a sur terre, ajoute-t-il, des gens mauvais et des minus habens, il paraît en exister aussi dans l’au-delà: ils ne cherchent pas à simplifier la tâche de la Gendarmerie !.’
Ces manifestations ont quand même une petite utilité pour nous: elles confirment l’existence de notre survie; elles poussent aussi à y réfléchir .Des choix sont sans doute à faire pour orienter notre vie vers les catégories de défunts auxquels nous aurons à nous mêler. Jusqu’ici nous n’avons rien vu de bien « alléchant ». Poursuivons les recherches.

 

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