2. Les « sorties de corps »

Lorsque nous allons nous endormir, il nous arrive parfois d’avoir brusquement l’impression de tomber, comme si nous manquions quelques marches d’escaliers. C’est désagréable et c’est un mauvais tour de notre corps énergétique, dont le centre de gravité s’était mal déplacé.
Généralement, les choses en restent là et nous nous endormons. Il arrive cependant chez certains dormeurs que leur corps énergétique s’expulse du corps physique, plane au-dessus de lui, ou même passe à travers le plafond et le toit de la maison pour se promener dans l’espace. Pour ceux qui ne sont pas au courant du phénomène, c’est incroyable. Et pourtant, nous allons le voir, il est attesté par des centaines de témoignages et ne se produit pas seulement pendant un sommeil, mais aussi dans les cas d’accidents ou de maladies graves, d’arrêts cardiaques, de comas, d’opérations chirurgicales…
On parlait autrefois de dédoublement. Les spécialistes actuels préfèrent le mot projection : le corps énergétique se projette hors du corps physique, voyage hors de lui. Ainsi, l’expression anglaise le désignant est Out of the Body Travels ou, plus souvent, Out of the Body Experiences, en abrégé O.B.E.
Les cas de projection pourraient être groupés en quatre catégories: d’abord les projections spontanées, non voulues (sommeil profond ou suite d’accident ou de coma), puis les projections volontaires (celles des yogis ou autres spécialistes), puis les projections de type maladif (du genre de celles de Guy de Maupassant), enfin celles qui surviennent autour de la mort. Pour les projections volontaires, il existe des techniques dont on reparlera. Voyons d’abord les projections spontanées (11).

Cas de projection spontanée.
Ce sont là les cas les plus nombreux et les plus connus, dus souvent à des accidents, à des arrêts cardiaques, à des actes chirurgicaux sur table d’opération, à des maladies graves …
En voici un premier exemple, dû à un accident attesté en 1977. L’architecte suisse Stéphane von Jankovitch (48 ans) se rendait à Lugano, passager dans une Alfa-Romeo. Gravement accidenté, il est resté plusieurs jours dans le coma. Il a ensuite répondu aux journalistes par cette relation dont s’est emparée la presse de l’époque, en particulier le journal Der Spiegel du 20 juin 1977:
« Un poids lourd arrivait. J’ai vu le danger et j’ai crié. Les deux véhicules se sont fondus l’un dans ‘ l’autre. Sous le choc, j’ai été éjecté par le pare-brise. J’avais dix-huit fractures. J’ai perdu connaissance. L’ambulance est arrivée. Pourtant, je me trouvais à environ trois mètres au-dessus de mon corps et je pouvais voir au-dessous de moi l’accident et mon corps affreusement blessé. Par la suite, les médecins me confirmèrent qu’il était bien dans la position où je l’avais vu.
Je les vis me mettre un masque d’oxygène, puis dire: « on ne peut plus rien faire, il est mort ». Je trouvais intéressant d’assister à ce spectacle horrible. Je ne ressentais pas d’émotion; j’étais calme, heureux. »

On s’étonne de ces derniers mots. D’autres projetés voyant leur corps blessé (ou charcuté sur une table d’opération) ont exprimé les mêmes sentiments. Lorsqu’on est projeté hors du corps physique, on n’en ressent pas les douleurs; on se sent calme, libre, heureux. S’agit-il de rêves ou d’hallucinations ? Il ne semble pas, car le projeté décrit des positions et des détails qu’il ne pouvait voir depuis son corps inanimé.
On s’étonne également qu’étant projeté en l’air dans un corps énergétique invisible et inconsistant nous puissions voir sans nos yeux. On oublie que la vision est une affaire d’ondes. Notre poste de télévision est là pour nous le dire, – avec son antenne captant ces ondes.
Parmi les nombreux exemples de projection spontanée, en voici un, assez original et détaillé, publié par le biologiste et anthropologue Lyall Watson dans son livre traduit en français sous le titre Histoire naturelle de la vie éternelle ou l’Erreur de Roméo (Paris, Albin Michel, 1976), p.153; les faits se situent en 1944, peu après le débarquement:
Un médecin militaire attaché au Royal Flying Corps s’écrasa alors qu’il décollait d’un petit terrain d’aviation de campagne. Il fut éjecté de la carlingue, retomba sur le dos et perdit conscience. Il se trouvait dans un creux. De cet endroit, aucun des bâtiments du terrain d’aviation n’était visible, ce qui n’empêcha pourtant pas le médecin de voir toutes les phases de l’opération de sauvetage. Il se rappelle avoir surplombé le lieu de l’accident d’une hauteur de soixante mètres environ et s’être vu, gisant inanimé. Il aperçut également le commandant, ainsi que le pilote qui était sorti indemne de la catastrophe, courir vers son corps, et il se demanda pourquoi ils y portaient un tel intérêt; il aurait préféré rester seul. Il vit l’ambulance sortir du hangar où elle était garée et caler presque aussitôt. Il vit le conducteur descendre du véhicule, remettre en route le moteur à la manivelle, regagner son siège et repartir, pour s’arrêter quelques mètres plus loin, le temps qu’un infirmier s’engouffre par la porte arrière. L’ambulance stoppa devant un baraquement sanitaire pour permettre à l’infirmier de prendre quelque chose, puis fila sur le lieu de l’accident.
Toujours inconscient, le médecin eut alors le sentiment qu’il quittait le champ d’aviation, survolait une ville voisine, traversait la Cornouailles et se lançait à grande vitesse au-dessus de l’Atlantique. Le voyage s’acheva brutalement au moment où il reprit conscience grâce aux sels que lui faisait respirer l’infirmier. Une enquête ultérieure sur les circonstances de l’accident mit en lumière que la vision qu’il avait eue des évènements qui s’étaient déroulés sur le terrain militaire était exacte dans tous ses détails (12).

Après cet épisode, Lyall Watson ajoute: « Un tel cas est loin d’être unique ». Et il renvoie à plusieurs références et à une douzaine d’auteurs célèbres, anglais ou américains, ayant évoqué des faits semblables. Aucun auteur de langue française n’est cité. Et pourtant, en cherchant un peu, plusieurs noms viennent à l’esprit, d’abord celui de l’académicien Maurice Génevoix. Grièvement blessé en 1915, il eut conscience de sortir de son corps et narre cet épisode dans son livre La mort de près (13). On peut citer aussi un auteur plus récent, le cinéaste Philippe Labro, avec son livre à succès, intitulé La traversée, paru dans la « collection Folio» (n°3046), chez Gallimard en 1996. Citons aussi le témoignage de Jean Morzelle (voir plus loin bibliographie. Et il y en a bien d’autres.
Lyall Watson, précédemment cité, subit lui-même un accident, où il fut brièvement projeté hors de son corps, mais il ne s’en est pas rendu compte tout ,de suite, pressé qu’il était d’aller secourir quelqu’un. Et il pose la, question: se rend-on toujours compte que l’on est projeté? Il cite ceci: « Récemment, une amie me raconta qu’elle avait fait un rêve: elle quittait sa chambre, traversait le salon, passait devant son mari qui lisait dans un fauteuil, et retournait se coucher. Quand elle se réveilla, ses trois chats étaient assis au pied du lit, la fixant avec des yeux ronds. Son mari lui apprit que le trio avait fait le tour de l’appartement, et le chemin qu’il avait suivi était précisément celui qu’elle avait pris au cours de son rêve «(14)

Certains animaux, en particulier les chiens et les chats, ont le don de sentir la présence des corps énergétiques. Généralement, ils les fuient. On en verra plus loin des exemples. Mais ici, il y avait sans doute une relation d’amour, qui leur a fait suivre le corps énergétique de leur maîtresse. Toutefois, le parcours, de cette dernière est bien court en comparaison de celui du médecin anglais cité précédemment. Nous allons en voir d’autres encore plus étonnants.

 

La projection de C.G Jung dans le cosmos en 1944
La projection de Jung a été, publiée après sa mort dans, ses Souvenirs, déjà cités, –  ici au chapitre X- intitulé « Visions », mot qui ne nous surprend pas, car les éditeurs de 1962 n’étaient pas au courant de l’existence du corps énergétique et de ses possibilités de projection hors du corps.
Celle de Jung eut lieu en Suisse, en 1944, lorsqu’il était hospitalisé pour un infarctus, surveillé par un cardiologue réputé.  Nonobstant, il eut conscience de se projeter très haut dans le cosmos. Laissons-le le décrire:
« … Bien loin au-dessous de moi j’apercevais la sphère terrestre baignée d’une merveilleuse lumière bleue, je voyais la mer, d’un bleu profond, et les continents. Tout en bas, sous mes pieds, était Ceylan et devant moi s’étendait le subcontinent indien.
Mon champ visuel n’embrassait pas la Terre entière, mais sa forme sphérique était nettement perceptible et ses contours brillaient comme de l’argent à travers la merveilleuse lumière bleue. A certains endroits la sphère terrestre semblait colorée ou tachée de vert foncé comme de l’argent oxydé. A gauche, dans le lointain, une large étendue, le désert rouge-jaune de l’Arabie (…).
Plus tard, je me suis renseigné et j’ai demandé à quelle distance de la Terre on devait se trouver dans l’espace pour embrasser une vue d’une telle ampleur (…) Le spectacle de la Terre vue de cette hauteur était ce que j’ai vécu de plus merveilleux et de plus féérique » (15).

Ces lignes ont été écrites peu après 1944, à une époque où nous n’avions pas encore de cosmonautes pour nous ramener des photos de l’espace. Les concordances sont troublantes. Toutefois, le voyage cosmique de Jung ne fut sans doute pas long, car il fut atteint par les ondes de la volonté impérieuse de son cardiologue qui lui massait le cœur et lui imprimait l’ordre de revenir à lui.
Comme beaucoup d’autres projetés, Jung a exprimé sa déception d’être amené à rentrer dans son corps. Il l’écrit quelques lignes plus loin: « …Déçu je pensais: «Maintenant il faut retourner dans le système des caissettes ». Il me semblait en effet que derrière l’horizon du cosmos on avait construit artificiellement un monde à plus de trois dimensions dans lequel chaque être humain occupait seul une caissette. »

Plus importantes sont les impressions qu’il révèle concernant son corps énergétique. Il ne le voit pas, puisqu’il est composé d’ondes vibratoires et de champs d’énergie, mais il sait analyser ce qu’il a en lui. Aucun autre projeté ne l’a fait aussi bien que lui. Il décrit ainsi ce qu’il a éprouvé au début du voyage :
« .. .Je ressentis une très étrange impression: tout ce qui avait été jusqu’alors s’éloignait de moi. Tout ce que je croyais, désirais ou pensais, toute la fantasmagorie de l’existence terrestre se détachait de moi ou m’était arrachée – processus douloureux à l’extrême.
Cependant, quelque chose en subsistait, car il me semblait avoir alors près de moi tout ce que j’avais vécu ou fait, tout ce qui s’était déroulé autour de moi. Je pourrai tout aussi bien dire: c’était près de moi et j’étais cela ; tout cela, en quelque sorte, me composait. J’étais fait de mon histoire et j’avais la certitude que c’était bien moi. Je suis ce faisceau de ce qui a été accompli et de ce qui a été. Cet événement me donna l’impression d’une extrême pauvreté, mais en même temps d’une extrême satisfaction » (16).

Bien d’autres exemples montrent que la personne projetée garde près d’elle toute sa mémoire, sa façon de penser, sa volonté, en somme tout son moi pensant, alors que le cerveau est resté à terre dans le corps physique. Pour employer une autre expression, la conscience de l’individu peut se manifester hors du corps physique et du cerveau. Ceci, la plupart des« rationalistes », en France, refusent de l’admettre. Pourtant, les chercheurs de l’Université d’Alma-Ata, cités précédemment, déclarent bien dans leur rapport sur qu’ils appellent le corps de plasma biologique qu’il est un organisme homogène, fonctionnant comme un tout, produisant ainsi ses propres champs électro-énergétiques (17).
Avant eux, en 1920, un groupe de chercheurs suédois, dirigés par Nils Lassen et Per Roland, neurophysiologistes de l’Université de Lund et, plus tard, sir John Eccles, neurophysiologiste, prix Nobel 1963, avaient découvert que notre esprit, notre conscience pouvaient agir et se manifester hors de notre corps physique. La découverte n’eut pas de retentissement, car elle heurtait le conformisme intellectuel de l’époque (18). Ce conformisme tend à disparaître, car bon nombre d’opérés, revenus de leur coma, révèlent aux chirurgiens ce qu’ils ont vu, lorsqu’ils étaient vers le plafond de la salle d’opération. Et ces chirurgiens, très surpris, finissent par admettre la sortie de la « conscience» hors du corps (19).
Cependant, surtout en France, le conformisme n’est pas mort. Il nous amène à nous poser l’une des grandes questions: la pensée peut-elle exister hors du cerveau?

 

La pensée peut-elle exister hors du cerveau ?
Qu’est-ce que la pensée ? Les dictionnaires répondent habituellement: « faculté de faire naître les idées, de les comparer et de les étudier »; activité de l’esprit. Les biologistes parlent à ce sujet de la fonction d’idéation. C’est notre vie intérieure.
D’où vient la pensée? Les marxistes-léninistes nous disent à la suite de Lénine: « Le cerveau secrète la pensée, comme le foie secrète la bile ». La comparaison est boiteuse, car elle met sur le même plan des choses matérielles, – cerveau, foie, bile, – et une autre qui ne l’est pas, la pensée.
Moins affirmatif que Lénine, mais plus savant, le biologiste Jean Rostand disait: «Je persiste à douter qu’il y ait dans les molécules que le chimiste manipule au laboratoire de quoi produire la pensée ». Autre biologiste, plus récent, le Pr. Pierre-P. Grassé, membre de l’Académie des Sciences, écrit de son côté; « L’idéation est une fonction sur laquelle la physiologie n’a pas de prise directe» (20)
Malgré cela, le Pr. Changeux, bien en cours dans les milieux matérialistes, essaie de nous expliquer dans son célèbre livre L’homme neuronal (1983, plusieurs fois réédité) qu’entre l’époque de l’homo erectus et celle de l’homo sapiens un aménagement du cerveau a permis le siège de la pensée. L’aménagement, si aménagement il y eut, a pu permettre de meilleures dispositions pour l’intellectualisme, mais il ne nous explique pas d’où vient la pensée. Des spécialistes, telle Pr.Grassé, ont montré le peu de vraisemblance de « l’affirmation Changeux». Voici, en plein sur le sujet, une citation de Grassé dans son livre Biologie moléculaire, mutagénèse et évolution : « Prétendre expliquer la genèse du cerveau humain par des incidents démographiques, par quelques mutations non létales, éparpillées le long des millénaires, pour tout dire par des « bricolages », c’est méconnaître l’extraordinaire complexité structurale et fonctionnelle de cet organe; c’est aussi pratiquer un réductionnisme quelque peu puéril » (21)

Une autre question-mystère, déjà évoquée, se lie à la précédente. D’où vient le code génétique, l’information énorme codée dans la chaîne de l’ A.D.N.? Une information de ce genre suppose un être pensant pour la concevoir, puis pour la programmer dans un code. Il est permis d’envisager, comme le dit Albert Einstein, qu’il existe une pensée dans l’Univers. Notre pensée humaine en serait une émanation, un don (?) qui nous a été fait, – avec la liberté d’en user «pour le meilleur et pour le pire».
Les projections hors du corps venant d’être citées appartenaient au type des projections spontanées (à la suite d’accidents). Voyons maintenant les projections volontaires. Elles confirment, elles aussi, l’existence de notre corps énergétique et laissent entrevoir d’étonnantes possibilités.

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