3. Les « projections volontaires hors du corps »

Les techniques de projection volontaire ont existé, semble-t-il en Asie, particulièrement en Inde, avec les yogis ou les fakirs, avant de venir en Europe. On en trouve un écho curieux dans un livre du célèbre astronome et écrivain Camille Flammarion (1842-1925). Voici ce qu’il écrit dans La Mort et son mystère, I, Avant la mort (page.245 de l’édition J’ai lu, A.310):
Un jour, un Canadien m’est arrivé, à Paris, pour m’annoncer qu’il voulait absolument avoir le cœur net de la réalité des phénomènes attribués aux fakirs de l’Inde, et qu’il avait quitté sa femme et ses enfants pour aller s’en rendre compte personnellement, avec la ferme intention de tout vérifier par sa propre expérience.
Trois ans après, il me revint. « Je me suis soumis, me dit-il, à toutes les exigences. On m’avait assuré qu’en un an ou deux je pourrais acquérir les mêmes facultés, à la condition: 1° de ne plus manger ni viande ni poisson; 2° de cultiver, récolter, éplucher et faire cuire moi-même les légumes dont je me nourrirais; 3° de ne boire que de l’eau; 4° de me soumettre à une chasteté absolue; 5° d’organiser mes journées suivant telle et telle règle. Avec la volonté, j’ai réussi. Mon double n’a pas tardé à projeter hors de moi. Je m’y suis habitué. Cependant, j’en ai assez, car je me sens devenir fou, et je reviens chez moi … »

Ces techniques vont-elles vous séduire? J’en doute. Dans nos pays évolués il en existe heureusement de plus confortables. La plus sophistiquée a été mise au point par un américain, Robert Monroe, ingénieur du son, devenu vers 1952 programmateur de radio, puis patron de toute une chaîne à New York. Il le serait sans doute resté s’il ne lui était arrivé des évènements troublants..
La nuit, durant son sommeil, il sortait de son corps, planait au-dessus de lui et en venait même à passer à travers le plafond et le toit pour flotter dans l’air au clair de lune autour de sa maison. Au début, il crut à des rêves, puis il se rendit compte de la réalité, s’enhardissant à pénétrer en quelques maisons et à faire des blagues à des amis. Une panique alors le saisit: « Suis-je devenu fou? », Il s’en alla consulter un ami psychiatre et lui raconta tout. Il croyait à quelque chose de détraqué en lui et se voyait emmené en asile psychiatrique.
Son ami le conforta et lui conseilla d’aller se reposer à la campagne en pleine nature. Rassuré sur sa santé mentale, Monroe se reposa un peu, mais continua ses expériences en perfectionnant sa technique pour qu’elle puisse être entièrement volontaire et non spontanée. Passionné par ces recherches, il abandonna sa profession, acheta une belle maison en pleine campagne, en Virginie, et y construisit un «laboratoire », destiné à persuader ses amis les plus sceptiques: «Vous allez voir, je ne suis pas fou! On peut sortir de son corps! »
Il a d’ailleurs publié un livre racontant ses expériences, – livre paru à New York, chez Doubleday, en 1971, sous le titre Joumeys out of the Body, puis traduit en diverses langues (voir la bibliographie en notre fin de livre). Robert Monroe en était arrivé à produire un attirail sophistiqué. Une pièce sombre et insonorisée était à la disposition du candidat, lequel devait d’étendre sur un waterbed (matelas rempli d’eau); on lui mettait des électrodes sur la tête pour contrôler son était cérébral en début de sommeil, et aussi des écouteurs aux oreilles pour qu’il puisse percevoir les sons relaxants destinés à l’endormir. Enfin lorsque les ondes théta, caractéristiques de la zone intermédiaire entre veille et sommeil, étaient perçues par l’ingénieur en son poste de commandement situé dans une cabine à part, ce dernier envoyait le son destiné à déclencher la projection hors du corps…
Hélas! Malgré tout cet arsenal et ces techniques pointues, on entendait souvent Monroe pester contre les sorties ratées … En effet, pour environ 85 % des candidats la sortie de corps ne se produit pas! Nous sommes normalement construits pour vivre avec notre corps énergétique, enveloppe de notre moi pensant, à l’intérieur de notre corps physique. Consolons-nous de cet état de fait.

La sortie du corps, surtout si elle est trop répétée, peut avoir de sérieux inconvénients. Elle peut conduire à des déséquilibres mentaux et aussi à une mort prématurée. Les pratiquants de sorties de corps trop répétées ne vivent généralement pas vieux. Un autre inconvénient, plus rare, est le risque du phénomène de possession: une entité, parfois satanique (?) cherche à prendre la place laissée vide dans le corps. Ceci ne semble pas un mythe. Les cas de possession sont attestés par de nombreux témoignages.
Il existe, bien sûr, des méthodes plus simples que celle de Robert Monroe pour sortir du corps. Plusieurs viennent d’être publiées (voir la bibliographie). Nous avons noté, en particulier, celle d’une française, portant cependant un nom américain, Chrys Monroe, ne semblant pas parente du précédent. Son livre est intitulée Entrez dans la lumière. Le guide du voyage astral (Tournus, Editions Labussière, 2007).
En France, ce fut surtout à partir de 1905 que des chercheurs commencèrent à étudier scientifiquement les sorties du corps. Un pionnier en la matière, Hector Duiville avait rencontré un sujet affirmant pouvoir sortir de son corps à volonté. Durville, sceptique, lui demanda de fournir des preuves physiques de sa projection. L’homme semble y avoir réussi un déclenchant un bruit étonnant sur une table au bout de la pièce; de plus, il « voila des plaques photographiques et accentua l’incandescence d’écrans de sulfure de calcium ». Duiville a donné des détails sur ses diverses expériences dans un livre publié à Paris, en 1909, sous le titre Le fantôme des vivants. En ces années-là on ne parlait pas encore de corps énergétique, mais de double, de corps astral, ou de fantôme …
Serait à observer l’étrange comportement du corps physique, – dit aussi biologique, – lors des sorties en question. Il a l’air endormi, ou réduit à une activité presque nulle. Ne serait-ce pas une confirmation d’un passage de notre moi-pensant dans le corps énergétique s’activant à l’extérieur? Un autre détail, a été signalé, celui d’une sortie de cordon vibratoire, appelé la corde d’argent, qui relierait les deux les deux corps pendant sa projection. Son existence est donnée sous toute réserve, car Il n’est pas signalé par de nombreux projetés – volontaires ou spontanés.
Toujours est-il que ce corps énergétique devient une découverte appelée à faire parler d’elle de plus en plus, pas seulement pour la recherche pure en elle-même, mais aussi dans un but qu’on pourrait dire intéressé, car dès notre mort, ce sera vraisemblablement notre nouveau corps, en attendant peut-être d’autres transformations. Pour le moment, notre curiosité se porte donc sur les caractéristiques et les pouvoirs étranges de ce corps énergétique, tels que les révèlent les gens qui ont été projetés hors de leur corps physique à la suite d’accidents ou de comas prolongés.
Auparavant, il serait de bonne méthode de parler des sources, c’est-à dire des écrits où l’on peut trouver à se renseigner sur ces phénomènes un peu particuliers.

Les sources.
La source directe est l’interrogation que nous pouvons faire à des individus qui ont vécu les phénomènes en question, mais il n’est pas fréquent d’en trouver. Certains d’entre eux ont peur d’en parler, car ils redoutent d’être pris pour des hallucinés, des « gens à l’esprit dérangé ».
Ils le redoutent moins depuis les environs de 1975, date de la parution du livre à succès du Dr Moody, révélant qu’ils s’agissait là de phénomènes plausibles et plus répandus qu’on ne le croyait. Le livre en question, paru à Covington, aux Etats-Unis, en 1975, est intitulé Life after Life. Il a été traduit en beaucoup de langues, notamment en français sous le titre La vie après la vie. Enquête à propos d’un phénomène: la survie de la conscience après la mort du corps, traduit et préfacé par Paul Misraki, à Paris, aux Editions Robert Laffont, en 1977 (Collection « Les énigmes de l’Univers »)

Comme tout livre important, le best seller du Dr Moody subit le feu de la critique. Elle arriva vite de la part de ses collègues américains et porta sur plusieurs points. D’abord, il Iui était reproché le titre «trompeur» de son livre. Il laisse croire que les experiencers interrogés par Moody étaient morts, alors qu’ils ont été seulement ramenés en conscience dans leur corps physique grâce aux nouvelles techniques de réanimation.
Ensuite, certains spécialistes relevaient de criants manques de précisions sur l’état médical des gens interrogés; d’autres signalaient des interprétations contestables formulées surtout dans les derniers chapitres du livre. Le Dr Moody alignait sur le même plan des faits expérimentaux, les témoignages de première main de notre. époque, – et des faits qu’il tirait de, littératures anciennes, d’écrits philosophiques ou religieux. On lui reprochait « la confusion des genres »… –
Pour montrer son mécontentement, un médecin américain renommé, le Dr Kenneth Ring, entreprit de refaire le travail de Moody pour en montrer la fausseté. Il s’en alla dans les cliniques et les hôpitaux pour interroger tous les ex-comateux qu’il pouvait trouver. Il enregistra leurs témoignages, les analysa, les soumis à la critique, releva leurs concordances et dressa des statistiques. Finalement parut son livre, intitulé Life at Death, traduit en français sous le titre, Sur la frontière de la vie (Editions R.Laffont, 1982). On peut y voir qu’il arrive à des constats proches de ceux de Moody.
Chose amusante, pendant ce temps, ignorant l’initiative de Ring, un cardiologue réputé du Texas, le Dr Michaël Sabom, avait entrepris un travail semblable pour contrer Moody. Il n’y est pas arrivé lui non plus, malgré toutes les belles statistiques reproduites en fin de livre, – celui-ci intitulé Recollections of Death (New York, 1982), traduit, en français Souvenirs de la mort. Une investigation médicale (Paris, R.Laffont, 1983; coll. «Les énigmes de l’Univers»). Un étalage de statistiques donne un air sérieux et « scientifique» à un ouvrage, mais il ne révèle pas forcément la largeur de vue de l’auteur. Pas un seul de ces savants américains n’a essayé de « prêter l’oreille» aux découvertes russes faites sur le corps énergétique à l’Université d’Alma-Ata depuis les environs de 1940. Elles les auraient pourtant aidé à comprendre les manifestations étonnantes – révélés par ceux que Moody appelle les experiencers.
Les savants américains avaient tout de même une excuse, on était alors à l’époque de la « guerre froide ». Les communications ne passaient guère en direction d’Alma-Ata; et pour’ ces intellectuels américains pouvait-il sortir quelque chose de bon de ces coins perdus de l’empire soviétique?
En somme, malgré les critiques encourues, la première méthode inaugurée par Moody, l’interrogation directe des gens ayant vécu en coma, une sortie du corps, était précieuse, surtout si elle portait sur un nombre relativement important de cas, – ceci permettant de les comparer et de relever les concordances entre eux.
La « méthode Moody » allait être imitée, suivie, et elle a provoqué la naissance d’un vocabulaire nouveau: on parle des NDE, (Near Death Experiences) ou des OBE (Out of Body Experiences), appelées en français EMA (Expériences de mort approchée), ou EMI (Expériences de mort imminente), ou EHC (Expériences hors du corps), ou encore ESM (Expériences au seuil de la mort) .
Des associations se sont formées pour étudier et récolter les témoignages, par exemple l’ lANDS (International Association for Near Death Studies), avec ses antennes en divers pays, ainsi en France, à Paris. Comme il a déjà été dit, l’abréviation NDE est la plus employée.
Nous allons ainsi pouvoir satisfaire une partie de notre curiosité sur ce corps énergétique. Il restera cependant toujours un mystère, car nous ne pouvons, en principe, ni le voir, ni le palper,  constitué qu’il est d’ondes vibratoires, de champs électro-énergétiques et sans doute aussi de particules élémentaires stables (voir notre premier chapitre).

 

Chapitre suivant : 4. Pouvoirs et privilèges étonnants du corps énergétique